L’homme est égoïste. Même quand le bon fond pousse à vouloir aider un proche de quelque manière que ce soit, on finit le plus souvent par se rétracter tout ça parce qu’on a peur, ou parce qu’aider devient vite un poids insupportable. Est-ce qu’on peut appeler ça la fuite ? Je ne sais pas. Mais une chose est sûre, la fuite est une solution facile, et c’est pour ça qu’on la choisit. Oui, c’est facile d’observer de loin parce que ça ne nous touche pas. On peut en quelque sorte nier une vérité qui pourtant est bien réelle. Et on juge. On juge sans savoir, sans connaître le mal qui est propre à l’autrui en question car, qui peut dire à quelle point la souffrance de l’autre, physique ou morale, est grande sans l’avoir vécu soi-même ? Et pourtant. On vit avec. On se lève chaque matin en assimilant ce qu’on a refusé. En le changeant en quelque chose de normal pour vivre avec. En clair, on se voile la face et accumule les fantômes dans nos placards. Je le redis, mais pour une situation différente : on ne sauve pas les gens contre eux-mêmes. On les aime (parfois à en crever), et c’est tout.

Je crois que je ne comprendrais jamais les gens qui sont aux antipodes de moi. Je me demande si c’est à partir de ça que le fait de pouvoir haïr quelqu’un est possible. Cela dit, je distingue ce que je ressens actuellement pour certaines personnes de la haine. Puisque je ne les connais et ne veux pas les connaître et que le peu que j’ai aperçu de leur comportement indique une part d’eux-mêmes qui me révulse, je pense être objective en disant que c’est simplement que je ne les aime pas car je crois en la compatibilité des gens. Donc, on est juste incompatible. Par contre, la haine…
Pour en arriver à haïr quelqu’un, il faut d’abord (l’)avoir aimé, apprécié. Sans ça, il n’y a pas de haine. Il faut prendre en compte la force du sentiment. Dans ce cas, l’expression : « de l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas » prend tout son sens. S’investir, être dévoué à quelqu’un, se sacrifier... faut-il passer par toutes ces actions pour haïr ? Comment ça commence ? Comment on l’identifie ? Ce qu’on considère comme la haine dans le commun ne s’apparente pour moi qu’au verbe détester, car détester n’est pas haïr. Il y a de la tolérance dans le fait de détester. Alors qu’haïr est radical, presque immuable car il faut un contrôle de soi exceptionnel pour qu’il en soit autrement.

Un autre pavé sur le rôle de parent aussi. Car, quand j’observe le comportement des enfants et adolescents d’aujourd’hui, quelque chose me désole vraiment. Cela dit, je ne le blâme pas sur eux, mais bien sur l’éducation qu’ils ont reçue, donc celle que leurs parents leur ont inculquée. Je pense que les parents actuels ont peu de temps pour leurs enfants. Bien sûr, c’est un avis extrêmement général et surtout personnel et subjectif. Les enfants d’aujourd’hui sont beaucoup trop livrés à eux-mêmes. Il n’y a plus ce sens du partage, du jeu, et sur certains points, de l’amitié comme moi je l’ai vécu. C’est comme s’ils étaient propulsés dans le monde d’adultes, leur bulle protectrice infantile ne cessant d’éclater. Ils se comportent comme des grands, pensant tout connaitre de la vie qu’ils ont à peine vécue. Dans Detachment, Henry Barthes dit qu’il faudrait qu’il y ait une sorte de brevet qui prouve qu’on est apte à être parent. Je pars du principe qu’élever un enfant prend beaucoup de temps et de patience, car c’est un être humain que l’on forge et que l’on prépare à l’indépendance. Maintenant plus que jamais, on ne peut plus faire de gamins à tout va. Oui, la génération change et le temps ne recule pas, bien au contraire. Mais le but est de faire mieux, d’aller vers le progrès. Et quand j’ai l’occasion d’observer autour de moi, ce n’est pas du tout rassurant…
 


Alors, aujourd'hui.. non, depuis deux mois peut-être, je suis en guerre contre le monde !
Mal du siècle :)