Aimer à en crever.

01|2011. Jeudi 6, 23:56

En fait, il n'y a pas que dans les films où il pleut lorsque quelque chose de grave arrive.

Aujourd'hui a été une longue journée. Assurément la pire depuis ces 6 premiers jours de 2011. Ce matin à 9h30 tapantes, on nous a annoncé la terrible nouvelle. Hier soir, Monsieur ***** est mort. Monsieur ***** était mon professeur de littérature. Alors bien sûr, vous pouvez imaginer tout ce que vous voulez et surtout ne pas comprendre pourquoi ça me touche. Alors que c'est évident.

Je n'ai pas envie d'expliciter clairement ce qui s'est passé. Je n'ai pas envie d'étaler le dernier évènement de sa vie ici, aussi tragique fut-il. Mais le fait est que, avec les.. éléments que nous avons eu, pour moi, cet homme est mort mais quelque part, pas en vain. Mort d'avoir aimer et peut être aussi de peur de rester seul. Mais pour lui comme n'importe qui, je ne cesserai de penser que cette action était égoïste. Depuis ce matin, je n'arrête pas d'imaginer ce qui a pu se passer, ce qu'il a pu penser lors de ces derniers instants. Quelles étaient ces pensées ? Où a t-il trouvé le courage ? J'ai la réponse à cette dernière question. Mais je ne comprends toujours pas. Je me sens même fautive. Peut être que si, pour ma part en tout cas, j'avais été une meilleure élève...

Très franchement, comme tout professeur, tout être humain, Monsieur ***** avait ses défauts comme ses qualités. En tant qu'élèves, bien sûr, on ne voyait que ses défauts. Et j'avais beau les critiquer, je n'ai cependant jamais remis en cause ses aptitudes à faire cours. C'était un excellent professeur, et on ne lui rendait pas, parce qu'il faut dire que ses cours étaient plutôt soporifiques. Les jours où on arrivait à suivre, on pouvait se rendre compte de la richesse de son savoir. Vous savez, lorsqu'un prof vous fait remarquer quelque chose que vous n'auriez sûrement pas interpréter comme ça malgré le fait que vous soyez en Terminale Littéraire... J'avais beau m'endormir de temps en temps, cet avis est resté le même depuis deux ans. Enfin.. un an et quart. La preuve, malgré la moitié de mon année précédente à dormir, la littérature a été la seule matière au bac où j'ai eu plus de la moyenne. 

Ce qui me déprime, c'est que maintenant je perds tout espoir de réussite au bac litté' 2011. Quand j'ai vu que je l'avais encore en septembre, je me suis dit "c'est bon, je suis assurée d'avoir un 15 en littérature au bac cette année". Je comptais même sur ses conseils pour mes choix de livres pour mon bac français que je repasse. Et maintenant ? Là, c'est la partie où je le sens comme un abandon. Surtout qu'avec ce lycée merdique, on aura pas un autre prof avant un mois, et surtout pas aussi compétent...

Notre professeur de philo nous a dit que la cause principale était sûrement la solitude. Alors, au bout des 30 minutes de silence où nous étions tous sans voix, l'une d'entre nous a demandé: si la solitude est la cause de tout ça, comment l'éviter ?. La réponse de ma prof a été quasi immédiate: avoir des amis. Et personnellement, j'ai beau avoir des amis, je ne me sens pas à l'abri de la solitude pour autant. J'ai peut être tort, je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je me suis déjà sentie seule même entourée.

Ma prof d'anglais de l'an dernier nous a dit que le meilleur moyen de lui rendre "hommage" était de garder notre humour. Elle a bien raison. L'une des raisons pour laquelle j'appréciais beaucoup ce prof était son humour sarcastique, presque noir, pour nous dire les choses et aussi cette manière classe et blessante de nous remettre en place, le tout dans un beau français. Ses soudains mots crus en pleine analyse de texte aussi. Elle nous a raconté une ou deux anecdotes, et il faut dire que je ne le voyais pas du tout comme ça. Ils nous donnaient tous l'impression d'être quelqu'un de très renfermé et secret. Alors entendre cette facette de lui, lisant l'horoscope du Parisien aux collègues, et ayant beaucoup d'humour, ça nous a fait sourire :)

Cette même prof d'anglais nous a aussi dit qu'il adorait Madame Bovary de Gustave Flaubert. Alors, c'est tout con, mais j'avais un peu de temps avant mon baby sitting. Ne voulant surtout pas rentrer chez moi, j'ai été faire un tour au Quartier Latin, chose qui ne mettait pas arrivée depuis très longtemps alors que c'est sûrement le quartier de Paris que je préfère. Bref, je l'ai un peu pensé comme un genre de rédemption. Passer du temps dans un quartier regorgeant de livres et donc de littérature, qu'est ce que je pouvais faire de plus.. ?
J'ai commencé à fouiner, en commençant par les magasins du bas, comme d'habitude. J'ai pu tout faire en une heure même si je ne suis pas restée autant que je l'aurais voulu, job oblige.
Je me suis mis en tête de trouver une magnifique édition de Madame Bovary. Que ce soit ridicule ou inutile voire hypocrite juste parce que c'était un livre qu'il appréciait, rien à foutre. Puisque je me sens impuissante (et je le suis), c'est tout ce que j'ai à faire. Ca et décrocher mon 15 en littérature. Je lui dois bien ça. De toute façon, je me suis toujours dit que c'est... c'était à lui que j'aurais envoyé une lettre de remerciements en cas de réussite au bac. Car, de mes profs de l'an dernier, c'était de loin le meilleur même s'il faut dire que ce n'était pas difficile vu la palette de ma première terminale... Bref, année dernière ou année actuelle, la lettre aurait été pour lui.

Il s'est arrêté de pleuvoir aux alentours de 12h, quand nous avons tous extérioriser la nouvelle comme on pouvait.
Le temps est resté gris comme notre moral.

On croit toujours qu'une personne est éternelle.
Jusqu'à ce qu'elle meurt.
Et cette réalité est encore plus cruelle quand cette personne s'en va brutalement.

Le choc aurait été moins grand
si cela c'était passé autrement...

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Par Anicroche le 01|2011. Dimanche 9, 11:11
C'est terrible. Si on m'apprenait la mort de mon prof' de français du lycée ou celui de littérature à la fac, je serais terrassée. Ou même le décés d'un autre prof d'ailleurs. Mais ceux de français et de littérature ont toujours été ceux qui m'ont le plus plu ; ce sont des papis tous les deux (y'en a un à la retraite d'ailleurs), ils contiennent un savoir énorme et ne demandent qu'à le partager. Quelle que soit la façon dont ils mourront, je serai folle de chagrin quand on me l'apprendra...
Par cumulus le 01|2011. Dimanche 9, 14:43
J'aurais tellement de choses à répondre à cet article. Comme je te comprends.. Quand j'étais en première, ma prof d'histoire s'est suicidée, le premier avril. L'air triste du directeur, les yeux mouillés des profs, avant de nous l'annoncer. Et nous, à seize, dix-sept ans, qui n'y comprenions rien. Je ne crois pas qu'il pleuvait, mais comme l'air était lourd, tout à coup. Comme il nous manquait l'air. Et comme je l'ai ressentie, cette affreuse culpabilité. Parce que, au contraire de toi, je n'aimais pas du tout cette prof. Je l'ai critiquée, tout du long, parce que non, ce n'était pas une bonne prof, parce qu'elle ne m'aimait pas. Sa mort ne m'a pas fait devenir hypocrite, comme d'autres, mais j'ai été triste. Ca m'a fait mal, qu'elle s'en aille. C'est sans doute paradoxal, peut-être incompréhensible. Mais j'ai pleuré, j'ai pleuré. Je lui en ai voulu. Parce que les profs devraient nous montrer l'exemple, nous donner l'envie de vivre notre vie et nous montrer tout ce qu'elle a de merveilleux. Pas tout planter par manque de courage, et laisser là ses élèves, ses amis, son mari, ses enfants. Bien sûr que la vie est pleine de choses horribles, plus ou moins pour telle ou telle personne. Bien sûr. Et peut-être que je n'ai trop rien le droit de dire parce que j'ai toujours été épargnée. Mais j'estime qu'il y a toujours un minimum de belles choses qui peuvent nous faire tenir. Je crois que si j'arrivais à avoir une famille, dans le futur, et donc de l'amour donné, et reçu, j'aurais accompli la plus grande partie de mes objectifs.
M'enfin, je n'ai pas non plus le droit de juger, je ne peux pas savoir ce qu'ils éprouvaient, je ne peux pas me mettre à leur place. Je trouve juste ça injuste.
Par contre, je ne suis pas du tout d'accord avec ton prof de philo. Au contraire. On est seuls SURTOUT au milieu de la foule. Moi je suis quelqu'un de plutôt solitaire, mais quand je suis seule dans ma chambre, ça ne me pose aucun problème. C'est quand les autres te regardent être seule que ça devient gênant. Et puis je ne crois pas que ce soit la solitude physique qui compte. Tu peux avoir des milliers d'amis et te sentir seul.
Je crois qu'en règle général la dépression est une maladie. Et très difficile à soigner, parce que différente pour chacun. Moi j'aimerais juste démontrer aux gens, que la vie est belle. Pleine de trésors. Quoi qu'on dise.
Par TheOnlyArkane le 01|2011. Dimanche 9, 21:04
Je suis vraiment désolée pour toi, pour lui, la vie parfois c'est juste, parfois ça l'est moins, parfois ça l'est pas du tout. Souvent malheureusement c'est quand on perd quelqu'un qu'on se rend compte de son importance, mais c'est trop tard...

Ton article est un bel hommage.
Par juan le 01|2011. Dimanche 9, 21:27
sa commence pas très bien l'année pour toi mais te souhaite que tout s'arrange bonne soirée
Par Ebeth le 01|2011. Jeudi 27, 2:56
Tu lui rend déjà hommage par cet article.

Et il en fallait du courage pour faire étudier Les Pensées (ah je ne peux pas mettre en italique!) et Les Liasons Dangereuses (l'un qui est déprimant à souhait même si Fin de Partie l'était aussi et l'autre un méli mélo entre toutes les lettres !).

Je ne sais pas comment je réagirai face à la mort (si je comprends bien, voulu) d'un de mes professeurs, surtout de littérature, car tout comme toi, c'est ce professeur que j'ai remercié, autant en 1ère qu'en terminale. Je lui dois ma réussite.

Quant à la solitude, tu as parfaitement raison, les amis ne suffisent pas.

Mais je ne suis pas d'accord avec toi, qu'en d'autre circonstances ça n'aurait pas été pareil.
S'il avait un cancer, tu n'aurais pas pu le savoir (bon, d'accord la perte de cheveux, sauf s'il était chauve ou trouvait un postiche).
S'il avait fait une crise cardiaque.

Le choc aurait été le même. Mais la question de la culpabilité et du pourquoi n'aurait pas été là. Un poids en moins alors pour la conscience.

Mon professeur d'histoire géo était une vieille chouette rabougri que tout le monde haïssait. Moi je l'aimais bien, je la connaissais "en dehors" des cours rien qu'en lui parlant après les cours, ou en lui disant bonjour (ce que les autres ne faisaient pas).

Je pense que nous élèves, sommes plutôt ingrats envers eux, et puis nous leur devons le respect, difficile à avoir de nos jours. Alors ils évitent de s'ouvrir trop, de se laisser aller. Ce qui est compréhensible.

Eux aussi ne nous connaissent pas entièrement.

J'espère ne pas t'offenser par mes propos qui ne sont ni fait pour juger ou faire la leçon. Juste te faire partager ce que je pense.
 

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